Les résultats de l'expérimentation "valorisation des prairies du marais mouillé" menée sur 3 ans de 2014 à 2017 en partenariat avec l'INRA ont été restitués lors du comité de pilotage final du CASDAR MCAE (Mobilisation Collective pour l'Agroécologie) à la ferme de Sébastien Rambaud, agriculteur du CIVAM du Marais Mouillé...
Les prairies naturelles du marais mouillé sont souvent perçues de façon négative par les éleveurs. Pour apprendre à les connaître davantage et aller vers une amélioration de leur qualités fourragères, un groupe d'éleveurs représentés par le CIVAM Marais mouillé s'était penché sur le sujet depuis 2010, et avait mené un suivi pluriannuel de leurs prairies à travers des relevés floristiques, des prélèvements d'herbe en vue d'analyses fourragères, un suivi des animaux (pesées-état corporel) et des pratiques de l'éleveur.
En 2014, le groupe obtient les financements du casdar MCAE pour travailler sur l’impact des pratiques agricoles sur les prairies de marais. Les objectifs, pour les éleveurs et ses partenaires pendant ces 3 années, ont été :
L'action 1 a porté sur 17 prairies définies pour expérimenter les effets du sursemis,du ré-ensemencement, du matériel avec un essai rouleau et des essais herse, de la fauche en première coupe, de la pression pâturage, et du broyage et de la fauche pour la gestion des refus.
Le mode expérimental ascendant (à partir des pratiques des éleveurs) comporte des forces et des limites: les éleveurs se sont approprié les protocoles, ce qui a permis une expérimentation de terrain, mais beaucoup d’interactions entrent en jeu et sont à prendre en considération en plus des pratiques (effet année). La durée de 3 années est trop courte pour apprécier une évolution, ce qui pose de nouvelles questions devant la complexité et les capacités de résilience des prairies naturelles. Le projet a ainsi permis l'acquisition de connaissances supplémentaires sur les prairies, notamment sur la flore, de confirmer les pratiques des éleveurs car, bien qu'une tendance nette ne puisse pas se dégager statistiquement des résultats sur une durée de trois ans, les résultats en terme de qualité des prairies encouragent à poursuivre le travail sur du plus long terme. Des questionnements sur de nouvelles pratiques à tester ont également émergé, et le projet a permis de créer et de renforcer des partenariats entre l'INRA, le PNR Marais Poitevin, le CREN (Conservatoire Régional des Espaces Naturels), DSNE Deux-Sèvres Nature Environnement), l'IDELE (Institut de l'Elevage) ...
L'action 2 a permis de mettre en place des actions de formation et de créer une nouvelle dynamique avec des éleveurs laitiers pour favoriser l'autonomie alimentaire et en santé animale, notamment sur la gestion du parasitisme:
"Maintenant j’ai pris conscience de l’intérêt de développer l’immunité chez l’animal. Pour cela, j’essaie de mieux gérer mon pâturage et je suis passé à un seul traitement (en juillet). Ça fait 2 ans que je n’ai pas traité mes vaches alors qu’avant j’intervenais systématiquement. Avant, je ne faisais pas d’analyse coprologique et encore moins des prises de sang, par manque de temps et d’intérêt. Même si l’analyse a un coût, je perçois maintenant l’intérêt. Ça me permet d’y voir plus clair dans l’infestation de mes animaux et de gérer au plus juste le parasitisme." Philippe Rimbault, éleveur en marais bateau.
L'action 3 s'est axée sur l'étude des coûts de production, afin d'amener la réflexion sur l'économie des charges et la valrisation des produits, et pas seulement sur la productivité.